Encore des freins, mais jusqu'à quand ?
Encore peu d'agriculteurs achètent en ligne, car, principalement, ils n'en ressentent pas le besoin. Quant aux autres obstacles, les start-up travaillent à les résoudre.
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Coopératives et négoces peuvent se féliciter ! Parmi les agriculteurs n'envisageant pas de commander en ligne, soit encore la grande majorité, les trois quarts indiquent que l'offre de leur distributeur leur suffit. En gros, « J'ai ce qu'il me faut, pourquoi aller voir ailleurs. » Avec un point de vigilance sur le vocabulaire : c'est l'offre qui a été évoquée, et non, par exemple, le conseil, ou le relationnel. Ce qui a pu étonner, telle Adeline Coustenoble, chez Valfrance, qui a réagi aux résultats de ce sondage, lors de nos Rencontres : « Je m'attendais à ce qu'au final l'aspect relationnel remonte plus sur les freins. Et là, en fait, c'est surtout l'offre proposée par la coop et le négoce qui est la première raison. Je pensais vraiment que le fait qu'il y ait un TC qui circule sur l'exploitation ressortirait en premier, pour les agriculteurs en tout cas. » Tout comme Jean-Guy Valette, au Naca, pour qui l'humain prime : « Je reste persuadé que le rapport humain ne remplacera jamais les informations qui sont transmises par un smartphone ou par internet. » Même son de cloche chez Eric Seban, d'InVivo, qui pointe la solitude de l'agriculteur, pour prendre des décisions importantes, au quotidien (lire ci-dessous). Plus généralement, c'est la relation privilégiée avec le distributeur qui est évoqué. Comme le dit Thierry Desforges, « on peut compter sur l'OS ». Parmi les freins évoqués par les répondants, on trouve donc en tête cette notion de manque de conseil par rapport au relationnel en ligne (19 %), une offre internet non satisfaisante (5 %), et une non-utilisation, ou peu, d'internet, ce qui est certes un souci pour acheter en ligne. Ces principaux freins sont les mêmes peu importe le type de produits, que ce soit phytos, engrais, semences ou alimentation animale. D'autres raisons ont pu être évoquées, de façon plus mineure : « Je n'ai pas la trésorerie » pour les engrais (2 %), « J'utilise des semences de fermes » (3 %), « Mes fournisseurs sont à proximité » (2 %) et « Je fabrique mes aliments » (3 %) en nutrition animale. De façon transversale, « Je suis proche de la retraite ou je vais arrêter l'exploitation », ont aussi été entendus.
Le hic des moyens de paiement
Lors des Rencontres, la question de la carte bleue a été évoquée par plusieurs intervenants, Audric Chauveau et Eric Seban (lire ci-dessous), ainsi que Thierry Desforges, exploitant : « Moi, je suis limité par le paiement parce que mon père n'a jamais eu de carte bleue pro. Je n'ai jamais eu le temps de la faire depuis que je suis installé. Je pense que si je l'avais, je l'aurais déjà fait, parce que j'ai de bons copains qui font des trucs bien sur internet et que j'ai envie de les faire bosser. Mais je suis coincé parce que je n'ai pas pris le temps de dire à mon banquier de me faire une carte. » Pour lui, « la priorité, c'est les moyens de paiement ». Un problème qui ne se pose pas que dans le monde agricole. « Le frein de la carte bleue est un frein général dans les entreprises parce que celui qui achète n'a pas forcément la carte bleue pro, et c'est un vrai souci, le paiement. Si vous n'avez pas le système de factures qui va bien... avec le comptable et tout... Vous ne pouvez pas acheter en ligne ! », résume Marine Pouyat, consultante, et ex-Fevad. Mais les start-up travaillent à lever ces freins, pour les moyens de paiement en discutant avec les banques. L'offre en ligne ne cesse de s'étoffer. Agriconomie par exemple, propose désormais des produits phytosanitaires. Et il faut compter avec les gammes des mastodontes mondiaux, comme le chinois Alibaba qui propose des engrais.
ARNAUD CHAPUIS
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